Vue d’ensemble du Mexique

Je vais tenter de faire une revue rapide du Mexique sur le plan institutionnel, sécuritaire et économique afin que vous ayez une vision assez exhaustive du pays.

Le contexte Institutionnel

Le nom officiel du Mexique est Etats-Unis du Mexique. C'est une République fédérale basée sur une démocratie parlementaire, sur un modèle proche de celui des Etats-Unis d’Amérique. Elle comprend 31 états + 1 entité administrative, la ville de Mexico City (à l’instar de Washington DC)

Conformément à la Constitution, le pouvoir exécutif est dans les main du président des États-Unis du Mexique. Le président est à la fois chef d'État et chef de gouvernement, ainsi que commandant suprême des forces armées. Il est élu au suffrage universel pour un mandat de six ans et ne peut être réélu. Le président nomme le Cabinet.

Le pouvoir législatif mexicain est entre les mains du Congrès de l'Union, qui est divisé en deux chambres: la Chambre des députés et le Sénat de la République. La Chambre des députés compte 500 membres, dont 300 sont élus au scrutin majoritaire et 200 au scrutin proportionnel, pour un mandat de 3 ans. Le Sénat de la République est composé de 128 membres, dont 96 sont élus au scrutin majoritaire et 32 au scrutin proportionnel, avec un mandat de six ans.

Le président Andrés Manuel López Obrador et son parti MORENA ont brisé une hégémonie bipartite qui durait depuis des décennies lorsqu'il a pris ses fonctions en décembre 2018, capitalisant sur le mécontentement social en déclarant que les réformes économiques étaient sa priorité, y compris les réformes de la législation dans les secteurs de l'énergie, des finances, de la fiscalité, des télécommunications parallèlement à un objectif de répartition plus équitable des revenus.

En juin 2021, le pays a organisé des élections de mi-mandat, où le parti au pouvoir et ses alliés n'ont pas réussi à obtenir la majorité des deux tiers requise à la Chambre basse pour adopter des changements constitutionnels. Néanmoins, une majorité simple permet au gouvernement de garder le contrôle sur des questions telles que le processus budgétaire et les résultats des élections ont renforcé la coalition du président avant l'élection présidentielle de juillet 2024, le parti ayant remporté 11 des 15 postes de gouverneur en jeu.

Toujours en 2021, le président Obrador a annoncé son intention d'envoyer un amendement constitutionnel au Congrès concernant le fonctionnement du secteur de l'énergie. Le projet de loi vise à modifier le régime constitutionnel de production et de commercialisation de l'énergie électrique, et s'il est adopté au Congrès, il placera le pays dans une position contraire aux tendances mondiales qui visent des alternatives énergétiques plus vertes, mais permettra au pays de bien mieux maîtriser le coût de son énergie et d’avoir un sérieux avantage compétitif sur ses voisins.

Le contexte sécuritaire

Je pense très utile d’aborder ce point car j’avais moi-même une vision très noire de ce pays avant d’y habiter. Il faut dire que la vision qui en est donnée par les médias Français est extrêmement biaisée, ils n’en parlent généralement que lorsque des Cartels font parler d’eux comme récemment avec l’arrestation de Ovidio Guzman alias El Raton, le fils du célèbre El Chapo, ex-patron du Cartel de Sinaloa et enfermé à vie aux Etats-Unis d’Amérique.

L’ouverture en janvier 2024 de la prochaine méga-usine Tesla à Monterey sur 1.600 hectares et employant plusieurs dizaines de milliers de personnes (dont 7.000 en direct) n’a pas été beaucoup couverte par les mêmes médias. Certainement un oubli.

Si la sécurité est une problématique importante au Mexique, Le tableau présenté par les médias est à nuancer fortement. Comme vu plus haut, la nation Mexicaine est un état fédéral, ce qui implique que les gouverneurs locaux ont beaucoup de pouvoir. Suivant la probité et la volonté du gouverneur, la politique suivie par l’état en matière de sécurité peut être complètement antagoniste : certains sont extrêmement durs avec les délinquants en général et les Cartels en particulier. D’autres sont soit de nature beaucoup plus laxiste, soit carrément aux ordres des Cartels.

Quoi qu’il en soit, les chiffres de l’insécurité au Mexique ne veulent pas dire grand-chose car basés sur une moyenne. C’est vrai partout mais dans un pays de près de 2 Millions de km², il va sans dire qu’il peut y avoir de notables différences entre les régions.

Mais restons sur les chiffres moyens, seul moyen de comparaison possible. Que nous disent ces chiffres ?

* Que le rating du Mexique est de 54,42, à la 40ème place mondiale et 19ème place Américaine (sur 29)

* Que le rating de la France est de … 55,30, à la 36ème place mondiale, et 2ème place Européenne (sur 42)

==> Autant dire qu’en terme d’insécurité, nous n’avons pas beaucoup de leçons à donner au Mexique. D’autant que concernant ce dernier, la violence concerne principalement 6 des 31 états du pays : Sonora, Silanoa, Tamaulipas, Chihuahua, Guerrero, Michoacan. Évidemment, Mexico City est un autre lieu emblématique de la criminalité, comme toutes les capitales.

Comme vous le voyez, l’essentiel de la criminalité se déroule dans les états situés au nord du pays et longeant la frontière américaine, la raison principale étant le lucratif contrôle du trafic de drogue entre l’Amérique du Sud et les Etats-Unis d’Amérique.

Pour l’anecdote, les plus anciens d’entre vous (comme moi) avez peut-être entendu parler du mouvement de libération Zapatiste du Chiapas avec son emblématique « dirigeant » le sous-commandant Marcos. Ce mouvement d’obédience marxiste est en nette perte de vitesse et l’état du Chiapas est considéré comme l’un des plus sûrs depuis plusieurs années.

Petit conseil personnel : la loi au Mexique n’est pas la même qu’en France et est généralement beaucoup plus sévère, attention donc à ne pas faire n’importe quoi, renseignez-vous. On ne vous pardonnera pas sous le prétexte d’être étranger, bien au contraire. Exemple trivial mais il est absolument interdit d’uriner dans la rue, c’est extrêmement mal vu et vous pouvez être gracieusement logé par la Justice Mexicaine pendant 3 jours…

Le contexte économique

Le Mexique est un grand pays dans tous les sens du terme : 129 millions d’habitants pour une superficie de 1 964 375 km².

Il fait partie des 15 plus grandes économies du monde et est la deuxième plus grande économie d'Amérique latine après le Brésil. Le pays est fortement dépendant des États-Unis, son premier partenaire commercial et destination de près de 80 % de ses exportations.

Selon le FMI (Source : FMI - World Economic Outlook Database), le PIB a augmenté d'environ 6,2 % en 2021, principalement en raison d'une amélioration progressive du marché du travail qui a eu un impact positif sur la consommation des ménages. Le pays devrait poursuivre sa croissance dans les années à venir, bien qu'à un rythme plus lent, le FMI prévoyant une croissance de 4 % pour 2022 et de 2,2 % pour 2023.

Le pays a enregistré un déficit budgétaire estimé à 3,3% en 2021, un taux qui devrait rester stable en 2022 et 2023, à 3,2% et 3% respectivement. Sa dette publique est très mesurée à 59,8 % d’un PIB de 1.297 Milliards de Dollars en 2021. Le pays serait éligible à une entrée dans l’UE car il répond aux critères de Maastricht !

L'inflation est supérieure à l'objectif depuis 2017, et elle a encore augmenté en 2021, atteignant 5,4 %. Cependant, l'inflation devrait baisser à 3,8 % en 2022 et 3 % en 2023 et doper le pouvoir d'achat et la consommation privée. A cet égard, j’ai été vraiment étonné par l’aspect très récent du parc automobile. A quelques exceptions près, les autos sont de bonne qualité et on remarque une prédominance de marques Américaines (Chevrolet en tête) et Japonaises.

Le taux de chômage du Mexique a légèrement diminué pour atteindre 4,1 % en 2021 et il devrait atteindre 3,7 % en 2022 et rester stable en 2023. Ce taux est très disparate en fonction des états, le Quintana Roo fait partie des très bons élèves, on remarque des panneaux « Solicita personal » environ 1 boutique sur 5.

Comme vous pouvez le constater, ces indicateurs sont bien supérieurs à ce que peut proposer l’économie Française aujourd’hui.

Les principaux secteurs économiques:

L'économie mexicaine est très diversifiée et possède une base industrielle très forte (industries de haute technologie, production pétrolière, exploitation minière et fabrication).

Selon les dernières données de la Banque Mondiale, l'agriculture représentait 3,8 % du PIB du Mexique en 2020 et employait 12,4 % de la population active du pays en 2019.

Le Mexique est la septième puissance agricole mondiale et se classe parmi les plus grands producteurs mondiaux de café, de sucre, de maïs, d’oranges, d’avocats et de citrons verts. L'élevage bovin et la pêche sont également des activités importantes dans l'industrie alimentaire. Le Mexique est également le quatrième producteur mondial de bière et son plus grand exportateur. Bien que le secteur agricole puisse occasionnellement souffrir de problèmes liés au climat, l'agriculture a progressé en 2021, principalement tirée par l'augmentation des exportations alimentaires vers les États-Unis.

L'industrie est très solide et emploie 25,5% de la population active représentant 29,6% du PIB. Elle est particulièrement tirée par l’économie Américaine. Le Mexique est l'un des principaux producteurs mondiaux de nombreux minéraux, dont l'argent, la fluorite, le zinc et le mercure.

De plus, les réserves de pétrole et de gaz sont l'un des biens les plus précieux du pays : le pays produit environ 100 Millions de tonnes de pétrole brut par an (11ème rang mondial devant le Nigéria) et dispose de réserves prouvées équivalentes à celles de la Norvège à 6,6 Milliards de barils.

Le secteur aérospatial s'est fortement développé, grâce au développement d'un cluster à Querétaro et à la présence de près de 190 entreprises, dont Bombardier, Goodrich, le groupe Safran et Honeywell, qui emploient ensemble 30 000 personnes. Le Mexique est également l'un des dix plus grands constructeurs automobiles au monde et, grâce à d'importants investissements immobiliers, le secteur de la construction est dynamique.

Le secteur des services représente 60,1% du PIB et emploie 61,9% de la population active. Les secteurs de la haute technologie, de l'information et du développement de logiciels connaissent une véritable dynamique, portée par la qualité de la main-d'œuvre, les clusters et les faibles coûts de fonctionnement qui favorisent la création de centres d'appels.

Les services médicaux et le tourisme connaissent une croissance constante depuis quelques années, principalement en raison de coûts des services bien inférieurs à ceux des autres pays occidentaux.